Peut-être du fait de la crise sanitaire que nous traversons et de son impact économique et social, jamais la vie des salariés ne s’est, si frontalement, heurtée aux logiques libérales et financières.
Les exigences qu’ils expriment dans leur quotidien, au travail pour arracher des hausses de salaire ; les mobilisations dans leurs entreprises, leurs territoires pour défendre et développer les emplois, les services publics ; la volonté d’égalité et de justice sociale qui imprègne profondément les esprits et le souci d’imposer un développement humain durable respectueux de la planète et porteur de paix dans le monde décrivent, souvent sans en avoir conscience, la volonté de construire une autre société, une autre logique que celle dans laquelle on nous contraint à vivre voire survivre.
Comment être plus encore un syndicalisme de rupture sociale pour donner une réelle perspective ?
Ce constat tranche avec la difficulté du syndicalisme, et du nôtre en particulier, à faire naître un mouvement capable de bousculer l’ordre établi.
La CGT peine à fédérer les luttes locales pour faire converger les revendications autour d’objectifs de progrès social commun. Les mobilisations qui se développent partout dans le pays dans les entreprises et services confirment que l’ancrage de l’activité syndicale en proximité, au plus près des réalités des salariés, n’est pas discutable et est même une nécessité.
Néanmoins, cette situation fait apparaître la difficulté de notre organisation à articuler les mobilisations locales et celles plus générales. Un des enjeux qui nous est posé est comment mieux articuler nos actions en proximité dans les entreprises, dans les territoires et les luttes qu’elles génèrent avec les mobilisations interprofessionnelles nationales permettant d’imposer de nouveaux droits et une rupture avec le modèle capitaliste.
Partir des préoccupations réelles des salariés, interroger la question du travail, la nécessité de sa reconnaissance, de sa maîtrise, avec eux, n'est-ce pas le moyen d’élever les consciences et ouvrir la possibilité de faire autrement ?
Fédérer les luttes locales pour faire converger les revendications autour d'objectifs de progrès social commun
En s’appuyant sur les mobilisations des salariés, des territoires qui s’unissent pour sauver ou relancer la production de leur entreprise, la solution n’est elle pas de tracer des pistes de réponses plus globales qui posent la question de la reconquête de l’industrie ? Une reconquête qui réponde aux besoins immédiats et futurs des populations tout en préservant notre environnement.
En replaçant le service public et l’aménagement du territoire au centre de la réponse à ces besoins comme levier indispensable de cette reconquête. N’est-ce pas aussi l’occasion de mettre en débat la création de nouveaux droits pour garantir et sécuriser la protection des travailleuses et travailleurs ?