Naval Group : La CGT propulsée en première place

Publié le 28 Mar. 2023
Image
En octobre 2022, la CGT est sortie gagnante des élections du comité social et économique (CSE), au sein du groupe français. Elle obtient 30,8 % des suffrages, et progresse de 6 %, grâce à une campagne dynamique et des revendications au plus près du terrain.

Ce n’était pas arrivé depuis quinze ans. La CGT a remporté, en octobre dernier, les élections du comité social et économique (CSE) de Naval Group, industrie spécialisée dans la construction navale de défense (16 000 salariés répartis sur dix sites). À la faveur de ces élections, qui ont pour but de désigner la représentation du personnel au sein de l’entreprise, près de 31 % des salariés ont donné leur voix à la Confédération générale du travail, qui passe ainsi devant la CFDT, enregistrant une progression historique de 6%, tous les collèges confondus, y compris – et c’est une première – chez les ingénieurs et les cadres (deux représentants élus sur le site de Toulon, et un à Brest). « On savait qu’on allait progresser car on a travaillé pour ça, mais on ne pensait pas que la victoire arriverait aussi vite.

Ce score dépasse nos espérances », souligne Emmanuel Lequertier, délégué syndical central basé à Cherbourg, qui identifie, derrière cette victoire, une convergence de facteurs favorables. À commencer par les revendications ambitieuses portées par la CGT durant sa campagne électorale, notamment l’exigence d’un 13e mois de salaire pour lequel l’organisation se bat, de façon constante, et seule, depuis près de cinq ans. Mais ce succès rend également justice à une démarche constructive qui a « coupé court aux idées reçues. Nous avons démontré que nous étions capables de dire oui à un accord quand il est bon pour le personnel, notamment sur la question du télétravail, tout en restant ferme quand il nous apparaissait contraire à ses intérêts », analyse Emmanuel Lequertier.

Au-delà de la défense des travailleurs, le positionnement politique de la CGT sur les activités de Naval Group – particulièrement depuis sa privatisation partielle en 2008 et son ouverture à l’exportation d’armes –, dénonçant la signature de contrats d’armement avec des pays comme l’Arabie saoudite, a aussi fait la différence, selon Emmanuel Lequertier : « De plus en plus de salariés partagent l’idée que les armes ne sont pas des marchandises comme les autres et qu’on ne peut en faire commerce avec n’importe qui. » Autant de prises de position sur lesquelles l’organisation a su communiquer, à la faveur d’une campagne électorale dynamique, avec des outils novateurs, alliant visuels soignés et vidéos ludiques, dans un souci pédagogique qui a porté ses fruits. Mais pour Emmanuel Lequertier, cette victoire obtenue par la convergence de ces « petites choses, met surtout en lumière la présence constante de la CGT sur le terrain, au plus près des revendications des salariés », qu’elle pourra, désormais en position de force, d’autant mieux défendre.

En témoigne, déjà, l’obtention, dans la foulée de ces élections, d’une négociation annuelle obligatoire de haut niveau – avec des augmentations de salaires pour toutes les catégories de salariés –, signée par une coordination intersyndicale qui a tenu jusqu’au bout sans fléchir.

Repère revendicatif