Antifascisme

Publié le 28 Mar. 2023
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Les idées réactionnaires et d’exclusion portées par les partis d’extrême droite dépassent parfois le cercle étroit de leur clientèle habituelle.

Les crises économiques qui secouent régulièrement le monde capitaliste créent des situations génératrices de frustrations sociales que les partis fascisants exploitent à tout-va. Or les travailleurs ne sont pas naturellement immunisés contre la tentation du pire. Si la lutte contre l’extrême droite a des dimensions politiques et sociales, elle est d’abord un combat pour des valeurs.

Les nationalistes nient les clivages sociaux et prônent une vision fermée de la nation qui entraîne, au nom d’une prétendue « protection du travail national », une division entre travailleurs français et étrangers. À l’inverse, la CGT se réclame, au nom des valeurs de l’internationalisme, de la solidarité entre travailleurs de toutes origines. Elle porte une vision du monde structurée par le clivage de classe et non par celui des frontières.

Elle est fière d’avoir compté dans ses rangs des personnalités comme Henri Krasucki ou Missak Manouchian et porte dans ses gènes l’héritage des luttes antifascistes des années 1930. L’extrême droite sortira fortement
discréditée des crimes de la collaboration, mais le conflit franco-algérien va fournir un terrain favorable à la renaissance du fascisme.

L’adoption en 1959 du principe de l’autodétermination pour l’Algérie radicalise les partisans de l’Algérie française, dont une frange bascule dans le terrorisme. L’OAS devient le nouveau visage du fascisme. Au métro Charonne, le 7 février 1962, la CGT paiera un lourd tribut à son combat pour « faire échec au fascisme » et « instaurer la paix en Algérie ». À partir des années 1990, le Front national entend faire fructifier ses succès électoraux. Il développe un discours plus « social » et une posture antisystème qui lui offrent le double avantage de conforter son ancrage populaire tout en favorisant son intégration républicaine. C’est dans cette perspective qu’il faut comprendre les divers essais d’implantation syndicale lancés par le FN dans les années 1995-1996 au sein de corporations jugées utiles à son développement.

La CGT s’emploiera avec énergie à faire barrage à ces tentatives et des recours judiciaires mettront fin à ces expériences.

Aujourd’hui, la force de Marine Le Pen réside moins dans sa capacité à produire des idées nouvelles qu’à élaborer un système d’explication du monde simple et cohérent. La nation française est menacée par un double péril. Externe avec la mondialisation et ses acteurs que sont le monde de la finance, celui du capitalisme multinational et des institutions européennes. Et interne avec la dénonciation du péril islamiste qui lui permet d’enrôler dans des combats douteux certaines valeurs républicaines comme par exemple la laïcité ou le féminisme.

Dans ce système qui conjugue valeurs sociales de gauche et valeurs politiques de droite (ordre, autorité, etc.), la question sociale et les affrontements de classe sont finalement dissous dans une vision du monde où les affrontements culturels et ethniques occupent une place dominante.

En somme, une actualisation du fameux slogan des années 1930 « ni droite, ni gauche, français ! ». Ne baissons pas la garde.

Repère revendicatif